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kôlams, rangolis, mandalas, art indien

Quelles différences entre ces trois dessins ?

Dans l'esprit, aucun : tous trois sont tracés à même le sol et  ont la particularité d'être un art éphémère.

rangoli.jpg

Leur but est identique : symboliser la beauté et le temps qui passe, travailler la symétrie pour une meilleure perception de l'équité dans le monde, permettre aux femmes de développer leur sens artistique et décorer l'entrée de la maison pour accueillir chaleureusement les visiteurs. C'est un art pratiqué aussi bien par les hindous que les catholiques du sud.

Le mandala, qui signifie cercle en sanskrit consiste à tracer différents motifs symétriques circonscrits dans un cercle sans utilisation d'instruments géométriques.  Il est devenu l'art sacré par excellence du bouddhisme tibétain : on le créé avec du sable coloré ou des fleurs.

3006 tibet mandala

 

 

extra_large_image472.jpgLe rangoli , terme hindi qui vient de raang, couleur et aavali, devenu oli rangée, s'apparente aux kôlams du sud avec la particularité d'être tracé à main levée sans support en général et avec des motifs floraux symétriques

 

 

 

 

 

Le kôlam, mot tamoul, désigne tout dessin à tracer sur supports de points symétriques en général et qui peut être figuratif (pôû kôlam)

kolam-3-COL.jpg kolam-1.jpg
 ou sous formes de lignes sinueuses s'entrelaçant et passant à travers les points (sikkou kôlam = kôlam emmêlé).

Comme je le décris dans mon article La journée de la femme, journée d'une indienne ,  la femme du sud de l'Inde  dessine tous les jours au seuil de sa maison un kôlam . Il peut être simple et petit pendant toute l'année  et coloré et grand pendant  tout le mois de Markaji (15 décembre au 14 janvier) qui correspond à l'hiver ( entre 15 à 20 ° le matin) ou pendant les fêtes nationales ou religieuses. Quand vous passez dans les rues ou sur les routes , vous verrez des kôlams devant chaque maison, chaque commerce, de la plus humble à la pus prestigieuse.

100_3413.JPG100 3341Cette habitude ou plutôt cette tradition remonte à bien trop longtemps pour en connaître l'origine. Ce que l'on peut constater, c'est qu'elle donne à la femme l'occasion d'exercer ses talents d'artiste, de développer son sens esthétique, son sens de la symétrie et de la géométrie en général et son intuition logico mathématique, (intuition et logique, deux notions contraires me direz-vous mais que vous verrez à l'oeuvre lorsque vous serz initiés à l'art du kôlam).

kolams-valerie.jpgLe sens symbolique de cette activité très matinale, à mon humble avis, réside dans le rôle de la femme au sein d'une famille.

Elle permet à la femme de se lever tôt avant les allées et venues des uns et des autres , au calme, pour être concentrée. C'est le seul moment de la journée où elle s'adonne à un loisir créatif.  Lorsque la femme est confuse au sujet d'un problème, on lui conseille de réaliser des "sikkou kôlams" pour y voir clair : ces arabesques sont de véritables prouesses artistiques  et nécessitent une vision d'ensemble : savoir où  commencer, où passer  et enfin où finir. Véritable casse tête pour les non initiés, vrais challenges pour les habituées.

 

Après avoir réalisé son kôlam, elle jette souvent un coup d'oeil sur celui de la voisine pour en dénombrer  les points qui ont sevi de support. Chacune s'inspire de la création de l'autre et la personnalise ,d'où le champ ouvert de possibles avec le même nombre de points et les motifs de base. On organise même des concours de kôlams ; voir les photos de Marie  prises à Hyderabad

 

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L'activité peut durer dix minutes à une heure et les femmes savent pertinemment que, dès qu'elles seront rentrées, un camion ou un vélo va passer sur leur oeuvre ou que la pluie risque de l'effacer et elles ne s'en offusquent nullement. Elles verront aussi les oiseaux becqueter la farine de riz qui a servi pour tracer leur kôlam. Voir cette vidéo

C'est aussi une philosophie de la vie : tout est éphémère dans ce monde. Le kôlam nait de la poussière et redevient poussière après être passé par une phase de beauté, c'est la loi de la nature. Le seuil est un espace commun, c'est à dire le monde. Le kôlam, c'est l'être mortel que nous sommes. Briller et accepter que la gloire ne soit que de courte durée.

Je suis reconnaissante à ma mère pour m'avoir transmis cette passion en continuant  à tracer des kôlams de manière traditionnelle même en vivant hors de l'Inde.

Etes-vous prêts, vous aussi, à vous lancer dans l'art du kôlam? Voir mes vidéos 

kôlams simples  

 Série de sikkou kôlams à cinq points

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F
Bonjour je vous demande de bien vouloir prendre contact avec mon mail prépare une action pour la journée des droits de la femme j'espère que vous avez toujours l'envie de faire partager la vie de la femme en inde voir même pourquoi pas nous faire partager votre savoir faire dans l'art des Mandalas ou autres supports symbolisant votre pays vos racines merci pour un premier contact je crains un peu car vos nouvelles sur le site sont de 2013? surtout faite moi signe cordialement Kathy
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A
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Merci pour vos pages. Je vous cite sur http://lefenetrou.blogspot.com<br />
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A
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Merci de votre isite et du lien. Vous m'avez également fait découvrir la belle villes de Nantes.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> <br /> Ouahh j'adore :) C dommage que ces oeuvres ne restent pas et qu'elles sont détruites. <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> C'est vrai mais c'est tellement créatif que ce serait presque dommage qu'elles ne puissent pas être remplacése par d'autres encore plus belles.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> Lorsque je suis en Inde et que ce genre de question vient à moi, je suis en général confrontée à la barrière de la langue, parce-que premièrement l'hindi reste pour moi une langue<br /> étrangère et les quelques phrases que je manie me servent à la débrouille du quotidien (donc impossible d'avoir un vrai échange). Et l'anglais est une langue que j'ai étudiée à l'écoles, au lycée<br /> & à la fac mais l'échange n'est jamais aussi clair et précis que lorsqu'il est fait dans la langue maternelle.<br /> <br /> <br /> Je vous remercie donc pour cet article. Un grand grand grand merci.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Pas de problème, tu as bien fait, c'est une galerie publique ;)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Quand j'habitais à Hyderabad, j'adorais voir mes voisines ou leurs maids dessiner des rangolis ou des kôlams (en fait, je découvre le mot grâce à toi) sur le seuil de leurs maisons. A Sankranti,<br /> j'ai vu ausi des concours de dessins et j'ai fait quelques photos dont voici le lien : http://picasaweb.google.com/Demonperchoir/100114Sankranti#<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Merci pour le partage de tes photos où l'on voit les femmes à l'oeuvre. jje e permets de le mettre en lien billet sur l'article pour que tous puissent en profiter. Bises.<br /> <br /> <br /> <br />